Et si c'était écrit ?

Publié le par Huguette DREIKAUS

 « Un mal qui répand la terreur/Mal que le Ciel en sa fureur/Inventa pour remuer les gens de cette terre/La grève (puisqu'il faut l'appeler par son nom) ».

Et si tout ceci était écrit dans le Grand Livre d'Histoire de l'Univers ?

Le 5 décembre 2019, la France se réveille, sans train, sans tram et sans métro ! Les gens sont figés sur place comme la femme de Loth. Une grève générale. Et depuis ce jour plus rien n'est pareil. Ni chez les grévistes, ni chez ceux qui sont impactés par cette grève. Les uns sont dans l'euphorie d'avoir eu le courage de ce soulèvement et d'avoir trouvé un écho d'une rare intensité à leur appel ; les autres sont dans une ère de résilience appliquée que même Boris Cyrulnik n'aurait osé rêver. Umwertung aller Werte ! Les paramètres de la société changent.

La capacité d'adaptation des gens aux situations extrêmes est hallucinante. Mamema dit : « Am e scheene daa wachse uns barabli uff em kopf wann's rajt » (un beau jour il nous poussera des parapluies les jours d'averse) !

Il y a ces grands rassemblements aux slogans forts, scandés dans des mégaphones par des gens outrés, déterminés à en découdre avec un dirigisme noyé dans des bains de favoritisme. En marge de cette parade de picadors grouille la foule de tous les autres. Les autres, ceux dont la vie n'a plus rien à voir avec leur vie habituelle, ceux-là s'agitent comme les santons d'une crèche provençale ou plutôt comme les petites tortues qui doivent arriver très vite à la mer pour ne pas mourir.

Les procédés de survie sont mis en place : co-voiturage, co-habitage, co-livrage. C'est une ruche sur des sites comme blablacar. Les collègues de travail proposent des coins de canapé dans des séjours pour ne pas paralyser l'entreprise. Pour pallier la grève du rail et donc l'absence de livraisons on crée, au niveau de la famille ou de la firme, une société de lutins-Berlingo ou de nains-space-wagon. Comme dit l'adage : « Les voies bloquées des geigneurs sont contournables ».

Ne négligeons pas Cupidon avec sa flèche, cette flèche qui résiste à toute palpation mais qui sait donner des palpitations. Rien n'est impossible. Les barricades n'arrêtent pas les papillons qui veulent se poser ça et là dans quelques ventres. Pensez à la chanson de Renaud : « J'ai embrassé un flic/Entre Nation et République/J'ai embrassé un flic/Ça change des coups de triques/J'aurai pas cru y a trente ans/Qu'au lieu de leur balancer/Des pavés à tour de bras/J'en serrerais un contre moi ».

Ne dites pas : « C'est de la poésie ». C'est mon histoire d'amour. Lui était sur les chars de la répression, moi avec les étudiants à vociférer des slogans dictés par mon âme toute neuve de trotskiste ! « CRS SS », « Dragons, têtes de c... » et puis... il y a eu ce regard. C'était en 68 ! Notre fils aîné est né en 69.

Et si Mai-68 était juste une histoire écrite par le doigt du destin mondial pour que je puisse réaliser mon destin ? Sous les pavés, mon mariage !

 

Et si c'était écrit ?
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