Mens sana in corpore sano

Publié le par Huguette DREIKAUS

Un esprit sain dans un corps sain. Depuis la publication de cette citation environ 100 ans avant Jésus Christ, l'être humain cherche cet équilibre. Manger pour rester en vie et avoir la force de méditer sur l'importance de rester en vie. Marcher et courir pour rejoindre l'école où le savoir nous attend. Faire des pompes et les compter pour apprendre les additions. Les exemples qui attestent la corrélation entre le corps et l'esprit ne manquent pas.

Et voilà que la covid a rompu chez les humains l'équilibre prôné dans la dixième satire de Juvénal. Mon expérience est celle de tous les autres. Je le confesse : mon esprit est envahi par mon corps.

Le mysticisme est mort

Depuis mes 14 ans, le matin, je lisais la prière de saint François devant mon bol de café au lait et mes tartines :

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,

Là où est la haine, que je mette l'amour.

Là où est l'offense, que je mette le pardon.

Là où est la discorde, que je mette l'union. »

Fini ! Le mysticisme est mort, tué par les exigences du corps. Maintenant, tous les matins je dis : « Là où est l'arthrose, je mets le voltarène, là où est l'oeil sec, je mets des gouttes, là où est la ride, je mets l'hyaluron. »

Tous les après-midi, au lieu de lire les oeuvres des philosophes, je trottine dans les chemins boueux pour booster mon système cardiaque. Tous les soirs, au lieu de lire sur internet les livres allemands mis en ligne sur le site Projekt Gutenberg.de, je pianote des heures sur Doctolib pour trouver un endroit où je peux me faire vacciner, je cherche des forums de vaccinés pour avoir connaissance des retombées du vaccin.

L'intellectuelle méditative que je suis est en passe de devenir une obsédée par son corps et occupée uniquement à se faire prescrire des pilules et à avaler les pilules. Mots croisés et anagrammes ont cédé la place au gainage et au cross fit. Au lieu de me voir le stylo à la main, vous me verrez faire une heure durant des haltères avec des magnums d'eau minérale ou être semi-accroupie le dos au mur pour tenter de muscler mes jambes par une contraction prolongée.

Mon corps tente 24 heures sur 24 de rester sain. L'esprit attendra. Freud dirait : « Tu t'occupes du ça, que devient le moi ? Et tu n'as plus de surmoi. » Et là, je suis obligée de contredire ce bon vieux Sigmund : J'ai un surmoi ! C'est mon masque chirurgical, parce que celui-là, je l'ai toujours sur moi !

 

Mens sana in corpore sano
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article