OEuvres de chair...

Publié le par Huguette DREIKAUS

Tout se vend parce que tout s'achète ! Ma grand-mère disait « will d'Narre uff de Marik gehn, leese d'Kramer Geld » (c'est parce que les gens veulent acquérir des trucs de fous que les marchands font leur beurre). Les objets les plus invraisemblables trouvent acquéreur en salle de vente ou sur eBay. Des prix records pour un toast sur lequel on verrait la tête du Christ. Dix mille dollars pour un corn-flake ayant la forme de l'Illinois ! 15 000 dollars pour des cheveux de Britney Spears, et j'en passe. Comme dirait Confucius : « Ce n'est pas l'argent qui manque, ce sont les conneries à vendre ».
Le journal suisse Blick annonce l'ouverture d'une boutique virtuelle où l'on achète par clic en payant par chèque. C'est même une bénédiction pour les Postes et les sociétés de portage privées. Mais la boutique online dont Blick relate la création est d'un genre nouveau. Si je vous dis qu'elle est gérée par Von Hagen, vous serez mis sur la voie. Von Hagen est ce créateur de statues à ADN, des corps humains traités et "plastinés" (plastifiés) qui parcourent le monde dans le cadre de son expo anatomique. On se signe à l'évocation de son nom mais son art fait des émules ! Ne voit-on pas, dans une pub, un homme dont le bras arraché traîne sur le comptoir d'un garagiste ?
Que vend Von Hagen dans sa boutique online ? Élémentaire, mon cher Watson ! Il vend du cadavre en rondelles plastifiées à monter en collier ou à coudre en robe, selon les fantasmes éprouvés.

Sa meilleure vente est la rondelle "plastinée" de pénis de taureau ou de queue de girafe. Inutile de crier au scandale quand on se délecte de rognons blancs et qu'on profère des exclamations en « hmmm » et en « ouah » en dégustant la queue de boeuf pêchée dans la soupe ; il y a du Von Hagen sur tous les étals de boucher et dans beaucoup de congélateurs. La viande de boucherie devient oeuvre d'art dans les musées. Tous les goûts sont dans la nature ! Mais finalement, quelle meilleure fin pour un pénis de taureau que de servir de collier à une dame déjantée mais élégante ?
Là où le bât blesse, c'est qu'il y a aussi de l'humain "plastiné" en vente. Certes la Philomène ou le Arthur qui trônaient de tous leurs os dans le coin de la classe de sciences nat' étaient aussi de vrais humains trépassés, mais bon, un os est un os. Von Hagen, quant à lui, vend des organes plastifiés. Des momies d'un nouveau genre, des momies de chair au formol, mais des momies debout et non plus allongées au fond d'un sarcophage, enroulées dans des bandelettes.
Le catalogue est édifiant : même morts, les sujets traités par ce thanato-plasticien sont encore bien "valeureux" : 2 600 francs suisses pour les entrailles, 71 000 francs suisses pour un corps entier, 535 francs suisses (360 euros) pour les testicules ! Les places financières afficheront bientôt d'étranges cours de la bourse...

OEuvres de chair...
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