L'esthétique de la foi
Quand je suis allée visiter les églises baroques de Bavière et d’Autriche, j’ai entendu partout cette phrase du guide : « L’Eglise catholique a cherché une solution pour faire revenir les protestants dissidents dans la communauté catholique. Face à la rigueur et au dénuement des temples, ils ont réagi par la construction d’églises d’une beauté incomparable. Ils comptaient sur cette beauté et l’émotion qu’elle déclenche pour regagner les brebis égarées ».
La foi est liée à l’émotion esthétique. Mon amour pour Dieu grandit et devient bonheur sur les arpèges des chants grégoriens et des grandes orgues. Mon recueillement devient spontané dans la magnificence de la cathédrale de Strasbourg. Tout l’art présent en ce lieu m’envahit d’humilité, d’admiration et de piété. J’ai une incommensurable envie de prier. Pour rendre grâce à Dieu et à ces artistes qu’il a rempli d’un tel talent ! On ne peut ignorer cette émotion ni la crainte que déclenche le gong de la Mort quand il est midi sur l’horloge astronomique.
La quête du « beau » dans la foi ne s’arrête pas là. Elle se manifeste dans le fait de collectionner les « beaux objets de dévotion » : les images saintes avec le Christ en pastel, les statuettes en plâtre de saint François d’Assise et de Notre-Dame de Lourdes, les petites couronnes en papier dites « bouquets de la Trinité », l’agneau blanc posé sur coussin de velours rose que je portais pour la Fête Dieu.
Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et à la force de prier ?