Les écrits vains

Publié le par Huguette DREIKAUS

Novembre est le mois du livre. On encense les meilleurs avec des prix d'une réputation inattaquable, on présente tous les autres auteurs dans des stands de foires éphémères devant une pile de leurs écrits.

Le livre devient un article de "Foire" comme le vin, les toiles de maîtres ou les voitures. Les chiffres comparés des marchés de ces objets d'étal montrent que le livre est certainement le parent pauvre. Il est en voie de disparition, gobé par le 2.0, publié sur écran dans une formule de tablette à glisser dans son sac de plage avec la possibilité de donner à tout moment accès à la moitié d'une bibliothèque.

Novembre est le mois où on sort les écrivains dans les librairies pour booster les ventes attendues pantagruéliques pour Noël. Pour vendre des livres, les éditeurs en font des kilos, et publient même des tonnes d'écrits vains, dont le dénominateur commun est de contenir des récits parfaitement contournables mais essentiels aux yeux de ceux qui étudient le marché potentiel.

On trouve ainsi toute une kyrielle de récits réalistes écrits par des personnalités qui parlent en livres de kilos perdus. Et voilà que le grand Guy Carlier va rejoindre le carré des écrivains "ex-gros" aux côtes de Véronique Genest et Sonia Dubois. Et ce sont des mélopées sur les déboires et humiliations des gros, suivis de jodler de satisfaction sur la mincitude enfin conquise. Et pourtant, quel que soit le style d'écriture, ce n'est ni du Harry Potter ni du Star Wars, même si c'est la même lutte contre les forces ennemies et si, pour d'aucuns, ça reste de la science-fiction.

Venez à la librairie, vous saurez comment perdre des kilos et aussi comment en prendre ! Le ying et le yang des livres de "recettes".

Nous vivons une époque formidable où les collecteurs de recettes sont assimilés à des écrivains avec d'ailleurs des chiffres de vente époustouflants. En vérité, je vous le dis : il vaut mieux publier vos recettes de Bredle qu'un roman d'une écriture aussi littéraire que celle d'Elfriede Jelinek.

La nouveauté du marché : les recettes pour végans. Mamema dit : "Nous, on mangeait végan sans le savoir avec la Gemiessupp* traditionnelle et les Grumbeeredotsche** avec de la compote de pommes !" (*soupe de légumes, **galettes de pommes de terre).

"Alors mamema, va vite te trouver un éditeur ! Il t'ouvrira les bras. Il publiera les "soupes de mamema" et tu trouveras ta place avec "les confitures de tata Germaine" et "les brioches de mémé Louise".

Je vous le dis, mes frères: la littérature est un grand huit entre l'art des Parnassiens et les abysses les plus profonds, entre Doris Lessing et Nabilla. Ben oui ! Vous trouverez les confessions de Nabilla "trop vite" entre les confessions de Rousseau et les confessions de saint Augustin. Non mais allô !!

 

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