Bonne fête, papa !

Publié le par Huguette DREIKAUS

Mon petit voisin Jason est venu déguisé en renne avec une mini-crèche en plastique dans la main en criant « C'est la fête de papa Noël ! » et en hurlant la chanson de Tino Rossi. Il est vrai que le père Noël est le seul papa que connaisse Jason. Sa maman est parente isolée.

Alors en vérité, je vous le dis, les hommes : « C'est la fête des pères, profitez-en, profitez-en ! » Voilà encore un statut qui va disparaître au même titre que bagagiste ou allumeur de réverbères. La technique, Messieurs, la technique !

Comme dit Lili : « Depuis qu'il y a les ouvre-boîtes électriques et les inséminations artificielles, les femmes peuvent se passer du mâle sans pour autant devoir renoncer aux enfants et aux petits pois. »

Les moeurs changent profondément. Les hommes sont en CDD dans un couple et certains enfants sont appelés par le destin à gratifier du nom de « papa » un nombre impressionnant de messieurs qui se succèdent devant les bols du petit-déjeuner et sur le home-trainer du salon.

La fille de Lili achète un seul cadeau pour la fête de ses cinq « papas » et procède à un tirage au sort en vidéo conférence sur Skype.

L'homme subit cette loi Bic que subissent les stylos-bille et les rasoirs. Il est jetable ! Et être le père d'un des fruits de la relation ne pérennise pas sa situation dans le ménage. Le mâle devient un objet de consommation courante recherché pour ses phéromones, ses étreintes et des instants de nirvana.

Lili dit : « J'aime ces moments où je trouve un bien-être total. Mais ce n'est pas parce que je trouve l'extase avec une pilule euphorisante en vente dans la pharmacie du coin que je suis obligée de me marier avec le pharmacien. »

Croyez- moi, la paternité traditionnelle est en danger. Méfiez-vous, les hommes ! Sexuellement parlant, on vous exploite, on vous spolie. La graine que vous semez ne vous donne aucun droit sur la tomate qu'elle fait germer.

Bonne fête, papa ! Le mien nous a quittés il y a cinq ans. Sur son lit de mort, il a dit : « J'ai pris un éclat d'obus russe en 1941, et voilà qu'il a raison de moi. » Sacré papa ! En quelque sorte, il est mort en héros de la guerre, achevé par un obus ennemi vieux de 74 ans !

Il me faut rajouter que mon papa n'était pas vraiment un papa, c'était un père ! Une sorte de chef d'État tout-puissant autoproclamé. Son slogan : « Doo hinne word gemacht was ich will ! » (ici on fait ce que je veux !).

Il était très coluchien, en plus. Sa devise était : « Dis-moi ce que tu veux, et je te montrerai comment on peut s'en passer. »

Bonne fête, papa ! Si on me demande « Votre père, c'était quoi pour vous ? », je dirais sans ambages : « C'était le mari de maman. »

 

Bonne fête, papa !
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