Le Covid a dissousle mot « ensemble »

Publié le par Huguette DREIKAUS

Ensemble est un mot en perdition totale sauf dans le vocabulaire de celui qui monte ses meubles en kit et qui au moment de la vis finale peut s'écrier : « C'est bon ! Ça tient ensemble ».

Dans le contexte pur de la vie sociale, le mot ensemble est remplacé par le mot cluster, attribué à bien des réunions familiales (« un cluster lors d'un mariage »), à des réunions sportives (« un cluster au Racing ») ou à des réunions de travail (« un cluster à l'école de Lingolsheim »).

Mamema dit : « Moi, ce sont les clusters de thés dansants qui me manquent ». Mamema ne sait pas que cluster est un mot qui contient une notion de contamination quasi-létale, pour elle c'est synonyme de club.

Et voici que se développe le syndrome Howard-Hughes, le besoin de la vie en reclus afin d'éviter toute atteinte virale par contact. Le producteur américain Howard Hughes vivait seul coupé du monde et des autres. Tout ce qui lui était présenté devait être stérile et aseptisé.

Vous nous reconnaissez ? Tout est désinfecté avec le gel hydroalcoolique. On nous conseille vivement : « Restez chez vous ». Les appartements deviennent des endroits de vie monacale.

Même si l'on y vit à plusieurs, on reste dans la notion de monastère car rien n'empêche la vie en commun pour les « congrégations » réunies d'habitude sous couvert d'avoir le même nom ou des ADN toujours mêlés sur les draps, les serviettes et les bouteilles de gel hydroalcoolique.

Le must, c'est de vivre seul à plusieurs. C'est ce que je pratique. Et je peux vous dire que ça se bouscule dans l'antre de ma solitude.

Dans ma cuisine, j'ai mis les photos de tous ceux qui étaient importants dans ma vie pour les rituels quotidiens du "bonjour" et du "bonne nuit" avec narration des anecdotes de la journée. Le ghost-whisperer-syndrome (syndrome du fantôme qui murmure à l'oreille...). Une vie sous le sourire de maman.

L'après-midi, je le passe avec divers inspecteurs de police, Barnaby, Poirot, Columbo, Korbinian Hofer, Reuther de Weimar ou Maigret, l'occasion de glaner des envies de manger eine Schweinehaxe ou de boire un chocolat chaud.

A midi, je suis l'émission William à midi. Vous devriez, elle vous rend fort ! On vous y apprend à choisir un canapé, à savoir tremper le pain dans le café, à faire la différence entre un arrosoir et un diffuseur d'eau. Bref, on vous y prend pour un con !

C'est bon pour la résilience, ça développe de multiples talents cachés que vous déterrez pour clouer le bec à tous ces "experts" nourris par Wikipédia, ces mannequins du brushing perchés sur les tabourets de William Leymergie.

Personnellement, je suis devenue sculpteur sur melon. Je mets sous résine et j'expose dans mon salon.

Tout à l'heure je vais réécouter mes chroniques de France Bleu Elsass. Mamema dit : « Hesch recht (tu as raison), il faut pouvoir faire confiance à la personne qu'on fait entrer chez soi ».

 

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